vendredi 10 septembre 2010

On ne badine pas avec la bibliophilie ! Billet autographe du Baron Double au libraire Durel, s.d. (vers 1880-1890).


Comme je l'ai indiqué tantôt dans un commentaire, je viens d'acquérir en bloc un lot de près de deux cent autographes (lettres, cartes, cartes-lettres, billets) des plus éminents bibliophiles des années 1870 à 1910 environ. L'ensemble de ce lot qu'il ne fallait surtout pas diviser si l'on veut à terme en écrire une petite histoire construite et constructive, a appartenu au libraire de livres anciens et rares A. Durel, à Paris. Nous avons là les plus grands noms de la bibliophilie de la fin du XIXe siècle : le Baron Pichon, Georges Vicaire, La Roche Lacarelle, Paul Lacombe, Octave Uzanne (oui je sais...), le Baron Double, le Comte de Contades, Labessade, Maurice Tourneux, le Baron Walckenaer, Louis Gonse, Nadar, François Fertiault, Souhart, de Gourcuff (non ce n'était pas un footballeur), de Portalis, Alexandre Piedagnel, Guaita (pas David, l'autre), Jules Brivois, Pierre Deschamps, Pierre Dauze, Roland Bonaparte, Damascène Morgand (libraire), Dezeimeris, Léopold Delisle (Bibliothèque nationale), René Pincebourde (libraire), B.H. Gausseron, Prosper Blanchemain, Ruggieri (artificier), Honoré Champion (libraire-éditeur), Brunox, A. de Claye, Henri Bordes, N. Clouard, L. Danel (imprimeur à Lille), le marquis de La Grange de Surgères, MacDonald (non pas celui-là...), Émile Picot, L. Huard (libraire), etc. De nombreux autres noms, encore non identifiés, lettres restées difficilement identifiables, feront les délices du Bibliomane moderne dans les temps à venir.

Pour l'heure j'ai choisis de vous montrer un billet adressé par le Baron Double au libraire Durel. La missive écrite sur papier au blason de la famille Double (voir photo), n'est pas daté. Il doit avoir été écrit comme la plupart des autres documents retrouvés, soit entre 1880 et 1890. J'avoue ne pas connaître par cœur la biographie du Baron Léopold Double, je laisse notre ami Jean-Paul, s'il le souhaite, nous brosser sa biographie en un commentaire érudit.

Mais lisons plutôt le Baron Double. De quoi s'agit-il ? Le Baron Double n'est pas satisfait d'un livre vendu par Durel : "Monsieur Durel, le bas de la marge du titre est malheureusement refait, et c'est assez visible. Il m'est impossible d'accepter un volume dans ces conditions. Je passerai dans deux ou trois jours ou peut-être même demain, voir si vous avez autre chose pouvant me convenir. Recevez, je vous prie, avec tous mes regrets, l'assurance de mes meilleures sentiments. Baron Double."



Plus bas, en forme de post-scriptum non annoncé et d'un ton appuyé, on lit : "Déjà l'année dernière, dans le Corneille que vous m'avez vendu, le titre IV. du Thomas est une reproduction photogravée et non la vraie planche."


Bouh ! Je n'aurais pas aimé être le libraire Durel lorsqu'il a lu ce billet provenant d'un aussi éminent bibliophile, sans doute comptant parmi ses plus importants clients !

Je ne sais rien de plus de cette histoire... ni de quel livre il s'agissait, ni s'ils ont finalement trouvé un terrain d'entente... la bibliophilie du XIXe siècle conserve une partie de ses secrets.

La personne a qui j'ai acheté l'ensemble de ces autographes m'a dit les tenir de la famille de Durel lui-même. De très nombreux documents de la même sorte ont malheureusement été perdus, dispersés. Ceux-ci sont sauvés !

Bonne soirée,
demain direction Rouen et dimanche direction Brassens,

Bertrand Bibliomane moderne

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