lundi 27 juin 2016

Recherches sur l'édition "Sur l'imprimé A Paris, chez Florentin Delaulne" des Lettres et Nouvelles Lettres de Bussy-Rabutin (1727).


Description de l'édition :



Tome I : LES // LETTRES // DE MESSIRE // ROGER DE RABUTIN // COMTE DE BUSSY, // LIEUTENANT GENERAL DES ARMÉES // DU ROY, ET MESTRE DE CAMP // GENERAL DE LA CAVALERIE // FRANÇOISE ET ETRANGERE. // Nouvelle Edition. // PREMIERE PARTIE. // [fleuron] // Sur l'Imprimé // A PARIS, // Chez FLORENTIN DELAULNE, rüe // S. Jacques, à l'Empereur. // [filet mince mal imprimé resté blanc au centre de la page] // M. DCCXXVII. // AVEC PRIVILEGE DE SA MAJESTE'. 1 page de titre ; 2 pp. d'Avertissement (bandeau, lettrine et fleuron) ; 374 pp. (fleuron au bas de la page 374) ; 2 pp. de Table des Lettres de la première partie. (fleuron au bas de la dernière page). Il est indiqué à la fin du dernier feuillet : "On trouvera le Privilège tout au long au quatrième Volume de ces Lettres. A noter les erreurs de pagination suivantes : 230 pour 330. Signatures : (*)2-A8-B4-C9-D3-E8-F4-G8-H4-I8-K4-L8-M4-N8-O4-P8-Q4-R8-S4-T8-V4-X8-Y4-Z8-Aa4-Bb8-Cc4-Dd8-Ee4-Ff8-Gg4-Hh8




Tome II : LES // LETTRES // DE MESSIRE // ROGER DE RABUTIN // COMTE DE BUSSY, // LIEUTENANT GENERAL DES ARMÉES // DU ROY, ET MESTRE DE CAMP // GENERAL DE LA CAVALERIE // FRANÇOISE ET ETRANGERE. // Nouvelle Edition. // SECONDE PARTIE. // [fleuron] // Sur l'Imprimé // A PARIS, // Chez FLORENTIN DELAULNE, rüe // S. Jacques, à l'Empereur. // [filet mince] // M. DCCXXVII. // AVEC PRIVILEGE DE SA MAJESTE'. 1 page de titre ; 2 pp. de Table des Lettres de la II. partie. (fleuron au bas de la deuxième page). ; 295 pp. A noter les erreurs de pagination suivantes : 46 pour 64 ; 125 pour 152. Signatures : a2-A8-B4-C8-D4-E8-F4-G8-H4-I8-K4-L8-M4-N8-O4-P8-Q4-R8-S4-T8-V4-X8-Y4-Z8-Aa4-Bb4





Tome III : LES // LETTRES // DE MESSIRE // ROGER DE RABUTIN // COMTE DE BUSSY, // LIEUTENANT GENERAL DES ARMÉES // DU ROY, ET MESTRE DE CAMP // GENERAL DE LA CAVALERIE // FRANÇOISE ET ETRANGERE. // Nouvelle Edition. // TROISIEME PARTIE. // [fleuron différent de celui des deux premiers tomes] // Sur l'Imprimé // A PARIS, // Chez FLORENTIN DELAULNE, rüe // S. Jacques, à l'Empereur. // [filet mince] // M. DCCXXVII. // AVEC PRIVILEGE DE SA MAJESTE'. 1 page de titre ; 4 pp. de Table des Lettres de la III. partie. ; 550 pp. A noter les erreurs de pagination suivantes : 3 pour 31 ; 214 pour 114 ; 282 pour 182 ; 137 pour 237 ; 348 pour 448. Signatures : a3-A8-B4-C8-D4-E8-F4-G8-H4-I8-K4-L8-M4-N8-O4-P8-Q4-R8-S4-T8-V4-X8-Y4-Z8-Aa4-Bb8-Cc4-Dd8-Ee4-Ff8-Gg4-Hh8-Ii4-Kk8-Ll4-Mm8-Nn4-Oo8-Pp4-Qq8-Rr4-Ss8-Tt4-Vv8-Xx4-Yy8-Zz3





Tome IV : LES // LETTRES // DE MESSIRE // ROGER DE RABUTIN // COMTE DE BUSSY, // LIEUTENANT GENERAL DES ARMÉES // DU ROY, ET MESTRE DE CAMP // GENERAL DE LA CAVALERIE // FRANÇOISE ET ETRANGERE. // Nouvelle Edition. // QUATRIEME PARTIE. // [fleuron identique à celui des deux premiers tomes] // Sur l'Imprimé // A PARIS, // Chez FLORENTIN DELAULNE, rüe // S. Jacques, à l'Empereur. // [filet mince] // M. DCCXXVII. // AVEC PRIVILEGE DE SA MAJESTE'. 1 page de titre ; 6 pp. de Table des Lettres de la IV. partie. (fleuron en bas de la dernière page) ; 491 pp. et 4 pp. n. ch. pour le privilège du roi. A noter les erreurs de pagination suivantes : 269 pour 209 ; . Signatures : a4-A8-B4-C8-D4-E8-F4-G8-H4-I8-K4-L8-M4-N8-O4-P8-Q4-R8-S4-T8-V4-X8-Y4-Z8-Aa4-Bb8-Cc4-Dd8-Ee4-Ff8-Gg4-Hh8-Ii4-Kk8-Ll4-Mm8-Nn4-Oo8-Pp4-Qq8-Rr4-Ss8





Tome V : NOUVELLES // LETTRES // DE MESSIRE // ROGER DE RABUTIN // COMTE DE BUSSY, // LIEUTENANT GENERAL DES ARMÉES // DU ROY, ET MESTRE DE CAMP // GENERAL DE LA CAVALERIE // FRANÇOISE ET ETRANGERE. // Avec les Réponses. // CINQUIEME TOME. // [fleuron identique à celui du tome III] // Sur l'Imprimé // A PARIS, // Chez FLORENTIN DELAULNE, rüe // S. Jacques, à l'Empereur. // [filet mince] // M. DCCXXVII. // AVEC PRIVILEGE DE SA MAJESTE'. 1 page de titre ; 3 pp. d'Avertissement, 5 pp. de Table des Nouvelles Lettres cinquième volume ; 448 pp. A noter les erreurs de pagination suivantes : 06 pour 206 ; 342 pour 242 ; 151 pour 251. Signatures : a4-A8-B4-C8-D4-E8-F4-G8-H4-I8-K4-L8-M4-N8-O4-P8-Q4-R8-S4-T8-V4-X8-Y4-Z8-Aa4-Bb8-Cc4-Dd8-Ee4-Ff8-Gg4-Hh8-Ii4-Kk8-Ll4-Mm8-Nn4-Oo8





Tome VI : NOUVELLES // LETTRES // DE MESSIRE // ROGER DE RABUTIN // COMTE DE BUSSY, // LIEUTENANT GENERAL DES ARMÉES // DU ROY, ET MESTRE DE CAMP // GENERAL DE LA CAVALERIE // FRANÇOISE ET ETRANGERE. // Avec les Réponses. // SIXIEME TOME. // [fleuron identique à celui des deux premiers volumes] // Sur l'Imprimé // A PARIS, // Chez FLORENTIN DELAULNE, rüe // S. Jacques, à l'Empereur. // [filet mince] // M. DCCXXVII. // AVEC PRIVILEGE DE SA MAJESTE'. 1 page de titre ; 5 pp. de Table des Nouvelles Lettres sixième volume ; 1 p. d'Approbation ; 386 pp. A noter les erreurs de pagination suivantes : 54 pour 55. Signatures : R4-A8-B4-C8-D4-E8-F4-G8-H4-I8-K4-L8-M4-N8-O4-P8-Q4-R8-S4-T8-V4-X8-Y4-Z8-Aa4-Bb8-Cc4-Dd8-Ee4-Ff8-Gg4-Hh8-Ii4-R1






Tome VII : NOUVELLES // LETTRES // DE MESSIRE // ROGER DE RABUTIN // COMTE DE BUSSY, // LIEUTENANT GENERAL DES ARMÉES // DU ROY, ET MESTRE DE CAMP // GENERAL DE LA CAVALERIE // FRANÇOISE ET ETRANGERE. // Avec les Réponses. // SEPTIEME TOME. // [fleuron identique à celui des deux premiers volumes] // Sur l'Imprimé // A PARIS, // Chez FLORENTIN DELAULNE, rüe // S. Jacques, à l'Empereur. // [filet mince] // M. DCCXXVII. // AVEC PRIVILEGE DE SA MAJESTE'. 1 page de titre ; 3 pp. de Table des Nouvelles Lettres septième volume ; 384 pp. A noter les erreurs de pagination suivantes : 6 pou 9 ; 14 pour 41 ; 50 pour 350. Signatures : (*)2-A8-B4-C8-D4-E8-F4-G8-H4-I8-K4-L8-M4-N8-O4-P8-Q4-R8-S4-T8-V4-X8-Y4-Z8-Aa4-Bb8-Cc4-Dd8-Ee4-Ff8-Gg4-Hh8-Ii4





 Ce que contiennent les volumes :

Tome I : Outre un Avertissement, ce volume contient les lettres I à CXLIV. Soit 144 lettres.

Tome II : Ce volume contient les lettres I à CXI. Soit 111 lettres.

Tome III : Ce volume contient les lettres I à CCCXXXIII. Soit 333 lettres.

Tome IV : Ce volume contient les lettres I à CCCLXXI. Soit 371 lettres.

Tome V : Outre un Avertissement, ce volume contient les lettres I à CCCXXV. Soit 325 lettres.

Tome VI : Ce volume contient les lettres I à CCLXX. Soit 270 lettres.

Tome VII : Ce volume contient les lettres I à CCXIX. Soit 219 lettres.

Sur l'ensemble des 7 volumes ce sont donc 1773 lettres écrites par le comte de Bussy-Rabutin ou adressées à lui qui sont rassemblées dans cette édition.

Quelques remarques sur cette édition :

A noter qu'on ne trouve de réclame qu'en fin de cahiers de 4 ou 8 feuillets, ce qui contrairement à la pratique dans les Pays-Bas (Amsterdam ou La Haye) où tous les feuillets comportent habituellement une réclame pour le feuillet suivant, indiquerait ici une impression française. La mention "sur l'imprimé" présente sur les titres indique de façon claire une contrefaçon de l'impression de Paris chez Florentin Delaulne. D'ailleurs en 1727 Florentin Delaulne est décédé et la véritable édition de Paris, 1727 porte l'adresse : Veuve Delaulne. L'ensemble des 7 volumes est parsemé d'ornements gravés (fleurons, bandeaux, culs-de-lampe) ou typographiques que nous donnons à la suite, leur étude s’avérera primordiale pour déterminer de quelle ville et de quel atelier typographique sortent ces volumes. Une comparaison avec la véritable édition Delaulne de 1720 indique un texte identique avec de faibles différences dans la justification de quelques lignes. La pagination est identique.


Quelques pages supplémentaires :






Quelques autres pages avec ornements :



Privilège placé à la fin du tome quatrième et qui est évidemment un faux qui reproduit un ancien privilège :

A suivre ...

Bonne semaine !
Bertrand Bibliomane moderne

mercredi 22 juin 2016

Une cosmographie au XVIe siècle : impression vénitienne.


POMPILIO AZALI

LIBER Pompilij Azali Placentini DE OMNIBUS REBUS NATURALIBUS quae continentur in mundo videlicet. Coelestibus et terrestribus necnon mathematicis. Et de angelis motoribus quae coelorum.

Venetijs  apud Octauianum Scotum D. Amadei, 1544
In-Folio, 2, 142, 1

Numérotation par feuillet avec de nombreuses erreurs : omissions, décalages, redoublement mais sans aucun manque, le livre étant d'ailleurs dans un bel état de fraîcheur.
La couvrure en plein vélin est probablement un emboîtage ultérieur.

Rare traité de Cosmographie et Géographie d'un auteur de la Renaissance. Il décrit les quatre éléments, les parties du monde, les corps célestes, etc.
Illustré de plus de 80 bois dont une carte du monde, sans localisation claire de l'Amérique

¶ Thorndyke (History of Magical and experimental science IV, 150-7) affirme que cet ouvrage doit être attribué à  Giovanni Fontana.



GIOVANNI FONTANA est peu connu, bien que, né à Venise dans les années 1390 et médecin de formation, il se soit illustré dans des domaines très variés : la philosophie naturelle aristotélicienne, l’hydraulique, les machines de toute sorte et les appareillages militaires, la pyrotechnie, l'arpentage, la mesure des distances et des temps au moyen de sondes à fusées et d’horloges.
Il étudia à l’université de Padoue et obtint son doctorat en médecine en 1421. Il séjourna longtemps à Udine comme médecin municipal. Il effectua des voyages hors d’Italie : en Europe du Nord, dans une région habitée par des Sarrasins, en Crète.
Ses écrits n’ont pas connu une diffusion très importante. Le Liber de omnibus rebus naturalibus, n’est conservé que par cette édition de 1544 sous le nom d'un personnage nommé Pompilius Azalus et qui ne donne pas le nom du véritable auteur. Cet ouvrage présente certaines particularités qui ne sont pas sans rappeler la Margarita Philosophica de Gregorius Reisch.
Fontana est un aristotélicien passionné par les secrets de la nature qu’il expose parfois de façon cryptée et son goût pour des travaux pouvant encourir l’accusation de magie dut  le desservir. Il raconte qu’il fabriqua une figure de diable remplie de poudre : placée dans un récipient plein d’eau, la figure s’agitait en lançant des cris et en laissant échapper des feux. Ces expériences sur des engins utilisant la poudre sont aussi décrites dans son autre traité Liber bellicorum instrumentorum : elles se passaient dans sa cellule monacale... 
Cependant, dans le Liber de omnibus rebus naturalibus, Fontana se défend d’être dans l’erreur selon les vues de la théologie. La publication sous un autre nom était peut-être une précaution  supplémentaire de  l'auteur pour éviter les foudres de l'Eglise.

Les passages touchant l’image du monde et la cartographie se trouvent dans les Livres III  et IV.
La méthode de Fontana, comme il le souligne, est fondée sur l’association de l’expérience et de la réflexion, ce qui l’oppose aux opinions des théologiens. Ainsi, il prouve le caractère tempéré et l’occupation effective de l’équateur terrestre, en se référant à des récits de voyageurs et aussi pour des raisons astronomiques. Il recourt fréquemment à ses propres observations, par exemple à propos des marées plus marquées à Venise après l’agrandissement de l’entrée du port.
Pour lui, l’expérience est seule à même d'apporter la connaissance aux illettrés dépourvus de science, comme les bergers, les paysans, les pécheurs et les marins. Parmi les données qui suscitent son intérêt : la navigation et les choses de la mer, ce qui est naturel pour un citoyen de Venise.

Fontana est un témoin de l'accueil fait à la Géographie de Ptolémée dans les milieux vénitiens et la représentation géographique est un des éléments intéressants du Liber.
Il est rare que dans les ouvrages de philosophie naturelle la cartographie soit évoquée.  L'auteur distingue plusieurs pratiques : les cartes marines et les cartes régionales qui sont trop partielles ; d’autres montrent des choses superflues, telles que le purgatoire, le séjour des démons et le domaine des bêtes sauvages ; certaines se bornent à représenter les principales parties habitées, laissant de côté l’Extrême-Orient et la zone torride ; d’autres enfin ne donnent que des noms de lieux.
La particularité de Ptolémée est d’approcher davantage la vérité mais Fontana ne lui reconnaît pas une supériorité réelle. Il le juge plus réaliste parce qu’il situe exactement les parties de la terre par rapport au ciel, mais les autres types de cartographie ne sont pas pour autant écartés.
Fontana met aussi en œuvre des données provenant de cartes marines et de textes descriptifs, comme le récit de Marco Polo ou le livre de Jean de Mandeville. Il corrige et complète Ptolémée en niant la fermeture de l’océan Indien et en ajoutant cinq zones de climats vers le nord et vers le sud au-delà de l’équateur. Il suppose une extension de l’occupation de la terre,  justifiée par l'accroissement démographique ou par des événements telluriques et politiques.

Fontana considère les cartes comme des outils adaptés à leur fonction pratique. Il est conscient du caractère conventionnel des représentations à des fins spécifiques et qui ne sauraient prétendre à  une copie de la réalité.
L’image du monde de Giovanni Fontana est composite, ses développements portent sur l’habitabilité de la terre, ses parties effectivement habitées, le paradis terrestre et les antipodes.
Il se borne à présenter les zones climatiques. Les causes de l’inhabitabilité relèvent soit des conditions excessives de l’air en chaleur et froid, en humidité et sécheresse, soit d’obstacles : zones montagneuses ou infestées de bêtes sauvages et d’insectes. Il existe donc des lieux peu ou mal habités ou d’habitabilité variable - exemple la transhumance.
Quant au paradis terrestre, la Genèse le situe sur terre à l’orient, rendu inaccessible par un chérubin armé d’un glaive de feu. Son inaccessibilité était justifiée au Moyen Âge par sa très grande altitude atteignant le cercle de la lune et par une situation insulaire. Ce que nie Fontana : le ciel à proximité de la lune, épais et chauffé par la partie supérieure de l’air, empêche la vie ; nos premiers parents sont arrivés par terre,  non volando, non natando, non per navem, nec per pontem, sed propriis pedibus. Il cite Pierre Comestor, Pierre Lombard, Saint Augustin et Jean de Mandeville qui a aurait eu le privilège d’approcher au plus près du paradis.
Sur le point de savoir s’il existe dans la partie méridionale de l’hémisphère oriental une terre ferme habitée comme dans la partie septentrionale de notre hémisphère, il fait preuve d’une grande prudence en assurant que, s’il se trompe, il se soumettra à la vérité : contredire les textes bibliques n'était pas sans risque !





Parmi les nombreuses gravures xylographiques illustrant le texte, on trouve des représentations cosmologiques, des descriptions mathématiques de la sphère et de ces divers éléments.

Le modèle du monde est toujours géocentrique : nous sommes en 1544, un an après la mort de Copernic et vingt ans avant la naissance de Galilée !


On trouve des interprétations imagées mais très correctes des éclipses de lune et de soleil ; par contre le modèle simpliste du mouvement d'une planète sur son épicycle est fort approximatif.


La gravure la plus remarquable est une représentation cartographique du monde connu ; bien que les voyages de Christophe Colomb remontent déjà à plus de cinquante années, il faut beaucoup d'imagination pour voir dans la ligne située à l'extrême gauche, une représentation du nouveau continent. La circumnavigation de l'expédition de Magellan ne s'est cependant achevée qu'en 1522 et le récit de ce voyage par un des membres de l'expédition - Antonio Pigafetta - n'a été publié pour la première fois qu'en 1800...

Dans le texte l'auteur ne fait qu'une brève allusion à l'existence de régions habitées dans l'extrême ouest de l'océan au-delà des Canaries et qu'on supposait être les antipodes.
"D'autre part, en occident aux extrémités de la terre, le plus à l'ouest qu'il soit , au-delà des îles Fortunées, Canaria ou Casperia, des navigateurs qui ont atteint la plus grande longitude dans cet  océan, rapportent qu'il est possible que des hommes y existent et qu'il s'agisse des antipodes, ce qui paraît juste."   

Le planisphère de Waldseemüller (1507) était déjà beaucoup plus explicite :on y lit le mot AMERICA (de Amerigo Vespucci) sur la représentation de l'Amérique du sud.
Internet n'existait pas à l'époque et les connaissances se propageaient bien plus lentement qu'aujourd'hui ; le Père Mersenne et Fabri de Peiresc ne sont nés que 40 ans plus tard.

Ce livre mériterait sans doute une étude plus approfondie mais je n'ai pas le courage ni surtout les connaissances pour entreprendre un tel travail.               


René de BLC

lundi 20 juin 2016

Etre bibliophile c'est aimer les livres. Etre bibliophile c'est avant tout lire des livres. Si possible des livres qui vous apprennent quelque chose d'important. Conclusion du Triomphe des Dames publié en 1751 et attribué à Madeleine de Puisieux (1720-1798).


Etre bibliophile c'est aimer les livres. Etre bibliophile c'est avant tout lire des livres. Si possible des livres qui vous apprennent quelque chose d'important. Voici la Conclusion du Triomphe des Dames publié en 1751 et attribué à Madeleine de Puisieux (1720-1798). Cet ouvrage pré-féministe est me semble-t-il, nonobstant les autres éditions qui ont pu être faites de ce texte en 1749 et 1750 (texte identique), l'un des plus beaux textes de l'époque des lumières, en ce milieu du XVIIIe siècle bercé entre l'Encyclopédie naissante et le Matérialisme débridé professé par les différentes écoles de pensées. J'ai pensé que le texte de cette Conclusion pré-féministe plairait à beaucoup, bibliophiles, bibliomanes ou simples lecteurs-penseurs. Pour nous rappeler que rien ne date d'hier mais que tout a été long, que rien n'est achevé et qu'il reste encore beaucoup à faire ...

Dédions aux gentes Dames réflichissantes (voire réfléchisseuses) ce billet plein de criantes vérités !

Bonne journée,
Bertrand Bibliomane moderne


Conclusion du
Triomphe des Dames ou,
Dissertation dans laquelle on prouve que
La Femme n'est pas inférieure à l'Homme.
(1751)

"Dans tout ce que j'ai dit jusqu'à présent, je n'ai pas eu intention d'engager personne de mon sexe à se révolter contre les hommes, ni à changer l'ordre présent des choses par rapport au gouvernement et à l'autorité. Non, que les choses restent dans l'état où elles sont : je prétends seulement faire voir que mon sexe n'est pas aussi méprisable que les hommes voudraient le faire croire ; et que nous sommes capables d'autant de grandeur d'âme que les meilleurs sujets de ce sexe orgueilleux. Et je suis bien convaincue même qu'il serait avantageux pour les deux sexes de penser ainsi. Cette vérité se prouve par les mauvaises suites qui résultent de l'erreur contraire. En nous croyant incapables de perfectionner notre entendement, les hommes nous ont entièrement privées de tous les avantages de l'éducation, et par ce moyen ont contribué autant qu'il était en eux à nous rendre des créatures dénuées de sens, telles qu'ils s'étaient figuré que nous étions ; ainsi faute d'éducation, nous nous sommes livrées à toutes les extravagances que l'on méprise en nous ; nous avons attiré sur nous leurs mauvais traitements, par des fautes dont ils sont eux-mêmes les auteurs, et qu'ils nous ont ôté les moyens d'éviter. Quelle est la suite de ce traitement tyrannique qu'ils nous font éprouver ? Il retombe à la fin sur eux- mêmes. Le défaut de savoir et d'éducation qui entraîne les femmes à des actions que désapprouvent les hommes, les prive des vertus qui pourraient les soutenir contre les mauvais traitements que les hommes leur font souffrir à cause de leurs imprudences ; et faute de ces vertus, elles imaginent des moyens très condamnables pour se venger de leurs tyrans. D'où il arrive qu'en général les hommes et les femmes ont les uns pour les autres un souverain mépris, et qu'ils combattent à l'envi à qui se traitera le plus mal ; au lieu qu'ils devraient vivre heureux, si les deux sexes pouvaient se résoudre à prendre l'un pour l'autre les sentiments d'estime qu'ils se doivent réciproquement. Cependant s'il faut parler vrai, il est incontestable que le blâme retombe principalement et originairement sur les hommes ; car si l'on voulait seulement accorder aux femmes les avantages de l'éducation et du savoir , elles apprendraient à mépriser ces folies et ces bagatelles qui leur attirent à présent un injuste mépris : Elles seraient en état de donner aux hommes une meilleure opinion de la capacité de leur tête et de la disposition de leur cœur, et les hommes diminueraient & reformeraient par degrés leurs mauvais procédés à proportion de l'estime que nous leur inspirerions. Les femmes se feraient un point d'honneur de perfectionner leurs talents, et elles deviendraient meilleures en acquérant des connaissances. Elles s'occuperaient avec plaisir à entretenir les hommes sensément, et à ajouter la solidité a leurs charmes. Par ce moyen les deux Sexes vivraient heureux, et n'auraient aucun sujet de se blâmer les uns les autres ; mais tant que les hommes nous fermeront toute entrée aux Sciences , ils ne pourront sans faire retomber sur eux tout le blâme, nous reprocher les fautes de conduite que l'ignorance nous fait commettre, et nous taxerons toujours d'injustice et de cruauté les mépris et les mauvais procédés qu'ils ont avec nous pour des fautes qu'il n'était pas en notre pouvoir de rectifier. Il ne serait pas nécessaire d'en dire davantage sur ce sujet, si ce n'était pour répondre à certaines gens faibles, qui se persuadent mal-à-propos qu'il y a par rapport à la vertu des différences réelles entre nous et les hommes ; cependant rien n'est plus absurde, car il est incontestablement vrai qu'il y a eu, et qu'il y a encore beaucoup de bons et de mauvais sujets dans les deux Sexes ; et quand on supposerait que quelques femmes ont porté la scélératesse plus loin que les hommes, cela ne pourrait point déshonorer le Sexe en général. Les bons qui se gâtent deviennent toujours les plus méchants : et quand nous reconnaîtrions que quelques-unes de notre Sexe l'ont emporté sur les hommes par la qualité des vices, il faudrait nécessairement qu'on avouât que ceux-ci l'emportent pour le nombre. Je crois que personne ne contestera que parmi les méchants, il y a au moins mille hommes contre une femme, à estimer les choses sur le pied le plus favorable pour les hommes. Mais pour savoir si les uns sont naturellement plus vicieux que les autres, il faut remarquer qu'il n'y à que l’âme qui soit susceptible de vertu, et que la vertu consiste dans une résolution ferme de faire ce qu'on juge le plus conforme aux règles de la raison dans les différentes circonstances qui se rencontrent dans la vie. Or, l’âme des femmes n'est pas moins susceptible que celle des hommes de cette résolution ferme qui constitue la vertu, et elles savent aussi bien qu'eux les occasions de la mettre en pratique. Quelque faibles qu'on suppose les femmes en général, nous savons régler nos passions aussi bien que les hommes, et ne sommes pas plus enclines au vice qu'eux. Nous  pouvons même faire pencher en ceci la balance en notre faveur, sans blesser la justice et la vérité ; cependant après tout, supposé même qu'il y eût lieu de trouver les deux Sexes également en faute ; celui qui accuse les autres pêche contre l'équité naturelle. S'il y a plus de mal à reprendre dans les hommes qu'en nous, et qu'ils soient trop aveuglés pour l’apercevoir, ils sont coupables de témérité de trouver à redire dans notre Sexe : et s'ils aperçoivent nos fautes, et qu'ils cachent malicieusement les leurs, qui sont les plus considérables ; n'est-ce pas une bassesse à eux de nous en faire un crime, à nous qui en avons moins ? S'il y a plus de bien dans les femmes que dans les hommes, ne doit-on pas taxer les hommes d'ignorance ou de jalousie, pour ne vouloir pas en convenir ? Quand une femme à plus de vertus que de vices, les unes ne doivent-elles pas faire disparaître les autres ? cela est d'autant plus vrai, quand nos défauts sont insurmontables, et qu'on nous refuse les moyens de nous corriger. Voilà précisément le cas de presque toutes les fautes de notre Sexe, et elles méritent plus de compassion que de mépris. Enfin, si nos fautes ne sont telles qu'en apparence, ou qu'au moins elles soient par elles-mêmes très-légères, on ne peut s'y arrêter tant sans beaucoup d'imprudence et de méchanceté. Or il est très-facile de prouver que ce sont là la plus grande partie des fautes qu'on nous reproche, et qui sont communes à tout notre sexe, de manière ou d'autre. Je crois avoir suffisamment démontré que c'est a tort que les hommes nous accusent de manquer de cette solidité de jugement qu'ils s'attribuent à eux-mêmes avec tant de confiance ; nous avons le même droit qu'eux à tous les emplois publics : la nature nous a donné un génie aussi capable de les remplir que le leur et nos cœurs sont aussi susceptibles de vertu, que nos têtes le sont d'apprendre les Sciences : nous ne manquons d'esprit, de force ni de courage pour défendre un pays, ni de prudence pour le gouverner. Nous avons en général les organes plus délicats. Veut- on comparer la structure des corps pour décider du degré d'excellence des deux Sexes ? il n'y aura plus de contestation : je pense que les hommes eux-mêmes ne feront pas difficulté de nous céder à cet égard : ils ne peuvent pas disconvenir que nous n'ayons sur eux tout l'avantage pour le Mécanisme interne de nos corps. Puisque c'est en nous que se produit la plus belle et la plus surprenante de toutes les créatures ; combien n'avons-nous pas encore de supériorité sur eux pour la forme extérieure ? Quelles beautés , quel air , quelles grâces la nature n'a-t'elle pas attachées à nos corps, et dont les leurs sont privés ? Je rougirais seulement d'en parler, si je ne pensais que c'est une raison de plus pour croire que nos âmes sont aussi plus délicates. Car je ne puis m'empêcher de penser , que le sage Auteur de la nature a proportionné nos âmes aux corps qu'il nous a donnés : assurément donc la subtilité de nos esprits et la finesse de ce qui se passe dans l'intérieur de nos têtes doivent au moins nous rendre égales aux hommes, puisque notre extérieur manque rarement à nous en rendre les maîtresses absolues. Je ne voudrais pas cependant qu'aucune personne de mon Sexe appuyât son autorité sur un fondement si fragile. Non, le bon sens doit survivre à un beau visage, et l'ascendant que la raison donne sur les cœurs est durable. C'est pourquoi j'exhorte toutes les femmes à rejeter les vains amusements , et à s'appliquer à la culture de leurs âmes, afin de se rendre capables d'agir avec toute la dignité à laquelle la nature nous a destinées ; sans chercher à nous élever et à nous faire valoir, faisons voir que nous méritons des hommes, autant de part dans leur estime, qu'ils s'en arrogent à eux-mêmes au-dessus de nous. En un mot, apprenons-leur par le peu que nous faisons sans le secours de l'éducation, ce dont nous serions capables si on nous rendait justice : forçons-les à rougir d'eux-mêmes, s'il est possible, à la vue de tous les torts qu'il ont avec nous, et faisons les convenir que la moindre des femmes mérite un meilleur procédé de leur part, que celui qu'ils ont pour la plus digne."


NDLR : Si vous avez lu jusqu'au bout c'est qu'il reste un espoir.

dimanche 12 juin 2016

Bibliophilie participative : Etat des grands ornements d'une édition de 1727.





Cliquez sur l'image ci-dessus pour l'agrandir ou l'imprimer


Amis bibliophiles et curieux, vous trouverez ci-dessus la reproduction d'un ensemble de grands ornements utilisés dans une édition datée de 1727. Vous pouvez remarquer 7 fleurons et 3 bandeaux différents. La question est simple : Dans quels ouvrages publiés cette même année 1727 ou années approchantes (disons entre 1720 et 1735) aurez-vous la chance de retrouver ces mêmes ornements, l'un ou plusieurs d'entre eux ? Attention ! Souvent des ornements se ressemblent sans pour autant être identiques. Ayez l'oeil ! Les variantes sont parfois minimes mais indiquent des graveurs et des ateliers typographiques différents.

A vos livres !

Je suis très curieux de connaître vos découvertes.

A bientôt !

PS : ce travail servira à la rédaction d'une fiche bibliographique complète et détaillée d'une édition datée 1727. Cette étude sera publiée ici même prochainement.

Bon dimanche
Bertrand Bibliomane moderne

jeudi 9 juin 2016

Les Amis d'Albert Robida (1848-1926), Le Téléphonoscope, n°1 à 22.

Le Téléphonoscope est édité par les amis d'Albert Robida depuis mai 1998 ... Paraissant une fois par an au format 21x29.7, réalisé en quadrichromie sur un papier glacé beige, par offset ou impression numérique, ce qui lui confère une qualité bibliophilique.
Il contient de nombreux dessins souvent inédits et reproduits à partir des originaux mis à la disposition de l'Association par ses membres collectionneurs. Le Téléphonoscope regroupe des articles autour d'un sujet précis, ouvrage écrit et/ou illustré par Robida ou un des thèmes de son oeuvre.
Actuellement, 22 numéros sont parus. Ils peuvent être acquis individuellement aux prix indiqués dans le BON DE COMMANDE, soit un prix unitaire de 12 euros pour les 11 premiers numéros, de 25 euros pour les n°12 (n°spécial) et 15 et de 20 euros pour les n°13, 14, 16, 17, 18, 19, 20, 21 et 22. Pour toute commande, imprimez le bon de commande et faire un chèque à l'ordre de l'association des amis d'Albert Robida, à envoyer à Association des amis d’Albert Robida, Monsieur Eric Blanchegorge – 126, rue du général de Gaulle 10000 TROYES.

Voici les couvertures des numéros de 1 à 22.























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